huile sur toile, 150x50 cm (pièce), depuis 1998~
Par Gilles Guiheux / le 5 october 2008
La première œuvre de Xavier Wei que j'ai rencontrée, c'est l'un de ses portraits en pied. C'était dans la vitrine d'une galerie rue Quincampoix. Dans l'obscurité de la nuit parisienne, tout à coup, mon regard avait été attiré par un homme nu habillé d'un manteau vert. Ce sont les couleurs qui avaient attiré mon regard. Le vert presque Véronese du manteau, la peau dorée. Et puis aussi bien sûr la pose, à la fois naturelle et incongrue. Sans doute aussi le format vertical, si peu pratiqué par les peintres contemporains. C'était une oeuvre singulière. La série n'était alors par encore terminé. Xavier allait encore faire plusieurs portraits d'hommes et de femmes, nus ou habillés, qu'il allait peindre de de face. Dans chacune de ses oeuvres, je retrouve la même attention à rendre la vivacité des couleurs et la chaleur des corps, la même attention à exprimer une expression humaine universelle tout en dissimulant souvent les visages. C'est une peinture classique qui évoque Piero della Francesca. Lorsque je rencontrais cette première oeuvre de Xavier Wei, je ne savais pas que quelques années plus tard, je l'accrocherai sur l'un de mes murs.
Socio-historien de la Chine, Gilles Guiheux est professeur à l'Université Paris Diderot- Paris 7 (Langues et Civilisations de l'Asie Orientale).
Par Pierre-Paul Zalio
Une série de tableaux. Une installation alors ? Et pourtant chaque tableau est un œuvre à part entière, composée, peinte à l'huile avec beaucoup de soin ou avec un inachèvement très étudié. On sent le savoir-faire de celui qui sait ce que peindre un nu académique veut dire. Certes, le nu ici transgresse les canons de l'académie et on se demande : encore ? À quoi bon ? Après Caravage, après Manet, après…, on a déjà tout transgressé non ? Il a encore besoin de peindre ? Mais tout à coup le travail de Xavier nous enveloppe et nous rappelle que si la peinture est un langage c'est aussi une matière, et ici quelque chose de sensuel nous retient, nous dérange, nous touche. Xavier cherche quelque chose, sinon pourquoi regarder et peindre à nouveau frais chaque corps, saisir une main sur le corps, la courbe d'un sexe, pein-dre, retravailler, recommencer avec un nouveau modèle. Dans le rets d'un langage formel, un imaginaire semble nous parler du corps et de l'émerveillement qu'il produit sans relâche et qu'il faut peindre et repeindre, et assembler, et installer, pour voir enfin, maintenant, un peu, ce que le peintre voulait nous montrer.
Pierre-Paul Zalio est sociologue. Professeur des Universités à l'ENS Cachan, membre de l'Institut Universitaire de France, chercheur au laboratoire IDHE (Institutions et dynamiques historiques de l'économie). Depuis 2008 il dirige le Département de sciences sociales de l'Ecole normale supérieure de Cachan.